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«Gabriel Chevallier», par Didier Bazy, Editions du Poutan

30 Déc

Le blog a suivi à l’occasion du recent salon du livre d’Arnas la conférence de Didier Bazy consacrée à Gabriel Chevallier, l’auteur de «Clochemerle», roman qui a fortement contribué à l’idée que le grand public se fait du Beaujolais. La vie d’un village n’est d’ailleurs pas un sujet étranger à Didier Bazy qui a été maire d’une petite commune beaujolaise et conseiller communautaire.

L’ouvrage de Didier Bazy est à mi chemin de la biographie, de la critique littéraire et de l’histoire des idées. Il couvre toute l’oeuvre de Gabriel Chevallier qui outre «Clochemerle» a écrit également un grand nombre de romans et de nouvelles qui firent de lui un écrivain connu dans l’entre 2 guerres puis après le second conflit mondial. Mais même si Didier Bazy presente de façon détaillée les autres livres qu’écrivit Gabriel Chevallier c’est quand même «Clochemerle» qui est central avec ses suites, «L’envers de Clochemerle» et même «Brumerives», qui constitue une sorte d’extension de «Clochemerle» à Lyon, du village à la grande ville.

Avant de se consacrer à l’écriture Gabriel Chevallier, d’un tempérament rebelle, (pas le rebelle agressif, plutôt le rebelle qui prend la tangente afin de préserver son indépendance) n’avait guère fait d’études, ce n’était pas un bon élève, il pratiqua plusieurs petits boulots qui furent pour lui autant d’expériences humaines, tout écrivain étant un peu ethnologue. Il fut également attiré par la peinture et peut être que s’il avait persisté dans cette voie il y aurait réussi.

Le premier grand succès littéraire de Gabriel Chevallier a été «La Peur», un roman sur la grande guerre de 1914-18 à laquelle il participa en première ligne. Gabriel Chevallier connut l’horreur des combats, les tranchées, les bombardements, les assauts…«La Peur» s’inscrit parmi les romans similaires ayant valeur de témoignages dénonçant l’absurdité et l’inhumanité de la guerre qui marquèrent la littérature de l’époque. Il fut salué comme tel.

Il y a un lien entre «La Peur» et «Clochemerle» que Didier Bazy a su mettre à jour. Il y a un fond tragique et du pessimisme sous la drôlerie et le comique des situations racontées dans «Clochemerle». Ce fond tragique conduit à relativiser le coté drôle et comique des tribulations de la population de «Clochemerle», les intrigues, les coups en vache, l’influence des notables et leurs connivences, il y a dans tout cela, note Didier Bazy, quelque chose d’universel, les situations clochemerlesques se rencontrent un peu partout, à tous les niveaux de relation sociale et de pouvoir.

Un propos de Gabriel Chevallier, opportunément cité par Didier Bazy, éclaire l’arrière plan de «Clochemerle» : «Je souhaite que vous gouttiez à la philosophie enfermée dans Clochemerle qui est autant sous l’eclat de rire, les sarcasmes et la fantaisie, un livre de grande pitié pour l’homme». Mais comme l’observe Didier Bazy commentant cette citation «Chevallier veut faire rire et faire rire mais l’abime de l’horreur ne peut être comblé tout à fait. Sous le rire persiste l’horreur. Sous Clochemerle, la Peur».

Le blog des 2 clochers

 

 

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